Une enquête se déroule en trois temps :
1. Préparation : rédiger le protocole, le questionnaire ou la grille d'entretien, effectuer le pré-test, réunir les moyens, établir le calendrier de réalisation.
2. Réalisation : réalisation des entretiens ou passation du questionnaire.
3. Exploitation des résultats : validation des données recueillies, analyse des données, rédaction des résultats et de l'interprétation qui en est faite. Réaliser une enquête nécessite un savoir-faire technique. Il peut être intéressant de bénéficier d’un appui extérieur pour assurer la pertinence des résultats produits par les enquêtes.
1. LES ENQUÊTES QUALITATIVES
Le protocole précise les objectifs d'enquête, la population concernée par l'enquête, et le mode de choix des personnes interrogées. L'important est de diversifier autant que possible les situations pour être le plus représentatif possible.
La grille d'entretien est élaborée à partir des critères et indicateurs définis dans la phase précédente en fonction des données les plus utiles et significatives pour l'évaluation. Les questions sont ouvertes pour laisser à la personne la liberté d'aborder la réponse comme elle le souhaite. Des questions plus précises ("relances") peuvent être prévues en réserve sur des points qui n'auraient pas été abordés spontanément par la personne enquêtée.
L’entretien peut se dérouler en face à face (ou par téléphone) ou en groupe. L’entretien individuel est bien adapté pour recueillir les pratiques. L'entretien de groupe a l'avantage de recueillir l'opinion de plusieurs personnes avec une interaction entre elles qui permet une élaboration commune. Il a pour inconvénient d'être plus difficile à animer pour que chaque personne aille au bout de sa propre analyse.
L'enregistrement des entretiens est préférable mais il n'est pas toujours possible (il est parfois mal accepté et sa retranscription est coûteuse). La grille d’entretien pourra être suivie dans l’ordre des questions ou au contraire suivre le cheminement des enquêtés et servir de repère pour s’assurer que tous les points sont abordés.
L'analyse commence après retranscription des entretiens. Dans un premier temps, l'analyse de contenu est faite pour chaque personne, afin de faire apparaître les liens ou éventuellement les contradictions entre les réponses aux différentes questions. Dans un second temps, toutes les réponses sont analysées question par question. Plus qu'un comptage des réponses obtenues, il s'agit de faire apparaître les différents types de réponses possibles, en articulation avec les réponses à d'autres questions. Pour éclairer l’analyse, des extraits d’entretiens pourront être intégrés dans le rapport d’enquête.
Exemple : Une grille d’entretien pour interroger les représentations des infirmières qui travaillent auprès de toxicomanes
2. LES ENQUÊTES QUANTITATIVES
Le protocole précise les objectifs d'enquête, la population concernée, le mode de choix des personnes ou unités statistiques interrogées (l'échantillonnage) et les modalités de passation du questionnaire.
L’échantillon ne doit être choisi qu’après avoir défini et construit l’objet de l’enquête. C’est ce travail préparatoire qui va préciser les personnes à interroger.
Deux cas de figures sont possibles :
- Chaque fois que c’est possible, il est préférable d’interroger l’ensemble de la population (les élèves d’un établissement, le personnel d’un hôpital, les bénéficiaires d’une formation…).
- Toutefois, quand la population de référence est trop nombreuse (en pratique audelà de quelques centaines), on doit recourir à un échantillon. La construction d’un échantillon fait appel à des techniques précises, qui sont brièvement présentées maintenant.
Comment construire un échantillon ?
Il existe de nombreuses méthodes pour constituer un échantillon qui sont de deux natures différentes : probabilistes (méthode par tirage au sort) et non probabiliste (méthode qui repose sur un choix raisonné des individus en respectant des règles fixées à l’avance).
La méthode non probabiliste la plus utilisée consiste à préciser les variables explicatives (c’est-à-dire les variables qui peuvent influencer les résultats) que l’on souhaite intégrer dans l’analyse (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, origine géographique…). Puis, une fois ces catégories définies, à tenir compte des proportions de ces catégories dans la population de référence, si l’on dispose de ces données, pour déterminer les proportions des différents profils de personnes à interroger.
Par exemple si on souhaite constituer un échantillon d’étudiants du Rhône pour connaître leurs pratiques alimentaires, on pourra s’interroger sur la répartition homme/femme dans la population de référence (l’ensemble des étudiants du Rhône), sur la répartition par âge, sur le type de filière suivie… Si on constate que les étudiants du Rhône sont constitués de 40 % d’hommes, de 30 % en filière scientifique, l’échantillon devra tenir compte de ces répartitions en interrogeant 40 % d’hommes, 30 % d’étudiant(e)s en filière scientifique…
Quelle taille de l’échantillon ?
Pour des raisons de coût et de temps, il est nécessaire d’utiliser un échantillon qui soit le plus petit possible. Mais pour avoir une bonne précision, il faut un échantillon aussi grand que possible. Il existe des formules permettant de calculer la taille d’un échantillon, mais elles sont d’utilisation complexe car elles nécessitent de faire des choix sur le degré de précision souhaité et de poser des hypothèses sur la valeur à mesurer.
Par exemple, si on souhaite connaître le nombre moyen de rendez-vous médicaux pour les lycéens sur une année, il faudra, pour calculer la taille de l’échantillon, estimer ce nombre moyen et sa variance en se référant à des enquêtes antérieures.
Le questionnaire doit être aussi court que possible, ciblé sur les questions utiles et pertinentes pour l'évaluation. Les questions sont directement formulées à partir des indicateurs définis dans la phase précédente.
Le questionnaire permet d’interroger des variables qui peuvent êtres :
- quantitatives, c’est-à-dire qui impliquent des réponses numériques (le poids, l’âge, le nombre de rendez-vous médicaux en un an, le nombre de repas sautés sur une semaine…) et pour lesquelles il est possible de faire des calculs (moyenne, écart type) ou de les convertir en classes (par exemple pour l’âge : - de 10 ans, 10 à 19 ans, 20 ans et +).
- qualitatives qui impliquent des réponses qui seront réparties en classes (niveau d’étude, sexe, nationalité, niveau de satisfaction d’une formation…)
Pour construire un questionnaire, il est préférable de privilégier les réponses fermées (oui/non, échelle numérique, liste de réponses au choix), utiliser des mots simples et non ambigus, formuler des questions affirmatives (sans négation), vérifier qu'il n'y a qu'une seule question par énoncé. Enfin, il est recommandé de tester le questionnaire auprès de quelques personnes du groupe à interroger avant la passation générale.
Exemple : Un questionnaire analysant la satisfaction en fin de formation et l’intention de changer sa pratique professionnelle
Le questionnaire peut être administré par un enquêteur ou auto administré (rempli directement par la personne enquêtée). Une relance peut être prévue pour augmenter le taux de retour. Généralement, pour un questionnaire auto administré à renvoyer par voie postale, on estime que le taux de retour est de l’ordre de 10 % à 15 % sans relance.
L'analyse commence après vérification des fiches d'enquête et saisie informatique. La saisie des données se fait sur des logiciels informatiques adaptés. Pour les calculs statistiques, utilisez des logiciels gratuits comme Epidata et Epi-Info (il y a de nombreux autres logiciels spécialisés). Un tableur de type Excel suffit pour les calculs les plus simples. L'analyse statistique commence par la liste de toutes les variables ou "tri à plat" (comme par exemple le % de femmes qui ont répondu à l’enquête, le % d’enquêtés très satisfaits par la formation…). Les plus importantes sont présentées sous forme de graphiques.
Une analyse plus poussée peut être faite en étudiant les relations entre variables, soit deux à deux (" tri croisé", comme par exemple la répartition des fumeurs par sexe), soit par groupes de variables (analyse multivariée). Elle recourt aux tests statistiques pour déterminer s’il y a bien une relation significative entre les variables (le fait par exemple que l’enquête montre une plus grande consommation d’alcool parmi les hommes est-il dû au hasard de l’échantillon ou existe-t-il un réel lien entre ces deux variables ?).
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